Russie: la 2e armée du monde a-t-elle encore les moyens de ses ambitions en Ukraine?

Au premier jour de la guerre en Ukraine, l'arsenal militaire déployé par les Russes faisait frémir. Malgré tout, les soldats ukrainiens opposent une forte résistance à la 2e armée du monde. Face à l'enlisement de ses troupes, Vladimir Poutine a annoncé qu'il recentrait ses objectifs sur l'est du pays. Franck Alexandre, spécialiste des questions de défense à RFI, nous explique dans cet épisode pourquoi l'armée russe rencontre autant de difficultés. 

Véhicules blindés russes détruits dans la ville de Bucha, à l'ouest de Kiev, le 4 mars 2022. © ARIS MESSINIS / AFP

Dans cet épisode de Témoins d'actu, Franck Alexandre commence par détailler le contingent russe : « 900 000 personnes, dont 280 000 pour les forces de l'armée de terre et à peu près 45 000 parachutistes ». « La Russie, poursuit Franck, est par exemple, la première armée en termes de blindés, avec 13 000 pièces, c'est considérable. Il faut ajouter à cela l'aviation avec plus de 1000 avions de combat de toute sorte et des hélicoptères ». 

Lorsque Vladimir Poutine, le président russe, a lancé son offensive en Ukraine, il a mobilisé à peu près 150 000 hommes. « Le premier objectif qu'il visait, c'était Kiev, la capitale. Il était persuadé que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s'en irait, que les villes allaient tomber très vite et que les Ukrainiens ne se battraient pas. Il avait alors planifié l'opération sur une semaine ». 

Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné ? « Les Russes, n'ont pas réussi leur effet de surprise. Les 150 000 soldats déployés étaient constitués en petits groupements tactiques avec à peu près 1000 hommes et les chaînes logistiques n'ont pas suivi. Très vite, ces unités ont manqué de carburant, mais aussi de lubrifiant pour les véhicules ». 

Franck explique également que le renseignement est défaillant : « Cette notion de renseignement est très importante dans un combat comme celui-là et les informations transmises aux troupes n'étaient pas bonnes. Ils sont donc intervenus au mauvais endroit et pas dans le bon tempo. Les communications, par exemple, n'étaient pas cryptées et les Ukrainiens pouvaient lire comme dans un livre ouvert les décisions russes ».

Un mois après le début de son offensive, Vladimir Poutine a donné l'ordre de recentrer les objectifs sur l'est : « L'armée russe se retrouve coincée. Mener une guerre de siège sur une ville, c'est une chose, la prendre en est une autre. Il faut beaucoup d'hommes. Pour un défenseur, il faut lui opposer entre cinq et huit assaillants. Les Russes n'ont pas assez d'effectifs ». 

En face, cette faiblesse de l'armée russe profite donc aux Ukrainiens : « Ils agissent avec des petits groupes très indépendants, très mobiles et c'est très efficace. Ils sont aussi très bien armés. L'Occident leur a aussi fourni des missiles portatifs ce qui empêche les Russes d'engager leur aviation comme ils le voudraient. Les Ukrainiens ont aussi une arme redoutable, c'est le renseignement américain. Ils leur donnent leurs images satellites et leurs écoutes. Cela permet d'avoir un temps d'avance sur les Russes ».

Et Franck Alexandre conclut : « Les Russes ont mis à peu près toutes leurs forces dans la bataille. S'ils veulent des troupes fraiches, il faudra qu'ils mettent en place une forme de conscription. Ce ne sont pas les quelques milliers de supplétifs tchétchènes ou syriens qui feront la différence ».

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