Témoins d'actu

Ukraine: comment vivre dans un pays en guerre ?

Publié le :

Près d'un mois après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les bombardements se poursuivent dans les grandes villes du pays. En quatre semaines, le quotidien des familles a totalement basculé. De retour en France après avoir traversé le pays de la frontière polonaise à Kiev, la capitale ukrainienne, Pierre Olivier, envoyé spécial de RFI, raconte ce qu'il a vu dans ce nouvel épisode de Témoins d'actu. 

Les gens font la queue pour acheter de la nourriture devant un supermarché à Kiev le 4 mars 2022.
Les gens font la queue pour acheter de la nourriture devant un supermarché à Kiev le 4 mars 2022. © Sergei SUPINSKY / AFP
Publicité

Accompagné de l'ingénieur du son Bertrand Haeckler, Pierre Olivier, commence par raconter, dans cet épisode de Témoins d'actu, son entrée en Ukraine, via le poste-frontière de Rawa Ruska à 70 kilomètres de la grande ville de Lviv : « On se rend très vite compte que l'on arrive dans une zone de conflit. Il y a des soldats et des files d'attente interminables. Des réfugiés qui veulent quitter le pays, des hommes qui accompagnent leurs femmes et leurs enfants. Ce sont des scènes troublantes d'enfants avec leurs mères qui disent au revoir à leur père ».

Si près de 3,5 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays, selon le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, beaucoup n'ont d'autres choix, faute de moyens, de rester. « Dès le lendemain de notre arrivée à Lviv, explique Pierre, nous avons vu que tous les stores des commerces étaient baissés. Il y a quelques supermarchés et des pharmacies qui restent ouverts, mais sinon tout est quasiment fermé. Les enfants ne vont plus à l'école, les gens ne vont plus au travail, à l'exception de ceux qui tiennent les supermarchés et les stations essence ».

Un quotidien totalement bouleversé où la solidarité est très présente : « Toute une partie de la population se remonte les manches pour, par exemple, aider à préparer les repas pour les soldats qui sont au front ou confectionner des filets de camouflage. Les gens se rendent utiles en étant des petites mains ».

Les choses commencent à changer lorsque Pierre Olivier et Bertrand Haeckler avancent vers l'est. « Il y a beaucoup de files d'attente dans les stations-service car trouver de l'essence, c'est essentiel pour fuir. Beaucoup de queues aussi à l'entrée des supermarchés. Ils sont ravitaillés, mais il y a très peu de personnel pour les faire fonctionner. Quand nous étions sur place, poursuit Pierre, les rayons étaient encore pleins, mais comme les gens ne savent pas de quoi demain sera fait, ils ont tendance à faire des réserves de produits de première nécessité ».

Les liquidités en revanche sont un problème : « Tous les distributeurs de billets sont hors-service. Il y a parfois des banques qui sont ouvertes, mais il faut faire la queue pour aller retirer de l'argent au guichet. Dès les premiers jours de la guerre, les gens ont énormément retiré de liquidités et quasiment aucun supermarché ne prend la carte bleue ». « Pour ceux qui n'avaient pas pu retirer d'argent ou qui n'en ont plus, il y a énormément de distributions de repas ».

Pierre évoque également l'intimité des habitants atteinte par la guerre. « Dans les premières villes de la banlieue de Kiev, les gens ont préféré quitter leurs domiciles pour aller se réfugier dans des abris souterrains ». Des abris où la vie s'organise comme elle peut. « Dans une cave où nous sommes descendus, il y avait une mère qui donnait des cours à deux ou trois enfants. Elle essayait de leur faire un semblant d'école, de vie normale ».

Si dans Kiev, beaucoup d'immeubles sont équipés d'abris anti-attaques aériennes, ce n'est pas le cas des localités les plus pauvres. « Beaucoup ont trouvé refuge dans le métro. Ce sont des scènes incroyables, de gens qui avec leurs enfants dorment à même les quais, parfois dans les rames, dans la pénombre. Tous vivent une vie en pointillé sous terre ».

Pierre Olivier conclut en disant qu'il souhaite retourner sur le terrain pour raconter au plus grand nombre ce qui se passe réellement. 

 

Abonnez-vous à «Témoins d'actu»

Témoins d'actu est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Podcast Addict, TuneIn ou toute autre application en utilisant le flux RSS.

Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes