Philippines: la région autonome de Bangsamoro dans l’île de Mindanao, une zone dangereuse
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À la une en Asie propose un zoom sur la région autonome de Bangsamoro dans l’île de Mindanao au Sud de l’archipel des Philippines. C'est une zone extrêmement sensible qui, après des décennies de lutte armée, a entamé un processus de paix en 2014 entre l’État philippin et les indigènes musulmans. Mais depuis, la violence de mouvements islamistes opposée à l’accord de paix n’a cessé de déstabiliser la région.

avec notre envoyé spécial à Cotabato, Nicolas Rocca
La semaine dernière, des affrontements ont encore eu lien entre l’armée philippine et des combattants de l’État Islamique. Six soldats philippins et trois membres du groupe Maute affilié à l’État islamique sont morts. L’armée de Manille mène des opérations dans la région afin de débusquer les responsables de l’attentat du 3 décembre dernier, revendiqué par l'État islamique. Cette bombe qui a frappé les participants à une messe de la ville de Marawi, tuant quatre personnnes, a pu faire craindre ici le retour des violences religieuses.
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Celles-ci avaient culminé en 2017, lorsque les combattants du groupe Maute étaient parvenus à prendre la ville de Marawi justement. Après cinq mois de combats sanglants faisant plus de 1.000 morts, le groupe affilié à l’État islamique avait été vaincu.
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Selon les dernières estimations, ils ne seraient qu’une quarantaine. Un chiffre relativement faible, mais suffisant pour créer du chaos. Surtout, ils ne sont pas les seuls responsables des violences dans cette région. Différents groupes s’opposent à l’accord de paix signé par les anciens rebelles du Front Moro islamique de Libération. Ce sont eux en partie qui gouvernent la région avec les autorités de Manille. Mais cela déplait aux groupes ralliés à l’État islamique, à des rebelles communistes, ainsi qu’à certains clans très puissants.
Ajoutez à tout cela les 100.000 armes encore en circulation et vous comprenez pourquoi cette région de cinq millions d’habitants, la plus pauvre du pays, reste très instable. Or le gouvernement provisoire va bientôt faire face aux électeurs d’ici deux ans.
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Quel bilan du processus de paix engagé en 2019 ?
Un bilan mitigé. D’un côté, il y a une forme de stabilité politique de l’autorité de transition composée d’anciens rebelles Moro, et de représentants de Manille. Des hôpitaux ont été construits, des programmes agricoles mis en place pour tenter de désenclaver le territoire.
Lors des élections locales à l’automne 2023, les violences ont été certes présentes, mais limitées. Pour autant, l’équilibre reste très fragile et pourrait voler en éclat. Les tensions sont vives entre les clans locaux et les autorités Moro.
La situation économique est très précaire, les anciens combattants n’ont pas reçu l’intégralité des aides à la démobilisation promises par le gouvernement central. Il n’existe pas d’autorité de police centrale permettant de limiter les conflits locaux qui débouchent parfois sur des affrontements violents. Enfin, la grande question ici réside autour des conséquences éventuelles des élections de 2025. Certains murmurent qu’en cas de défaite dans les urnes, certains anciens rebelles pourraient-être tentés de reprendre les armes….
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