À Pékin, une visite de trois jours du chef de la diplomatie pakistanaise vient de se terminer. Ce n’est pas un hasard si Mohammed Ishaq Dar a choisi la Chine pour son premier voyage à l’étranger depuis la confrontation militaire qui a opposé son pays à l’Inde entre le 6 et le 10 mai. Pour le Pakistan, c’est l’occasion de montrer sa gratitude vis-à-vis de Pékin, son grand fournisseur d’armes. La Chine le lui rend bien.

Il n’est pas étonnant que le chef de la diplomatie pakistanaise ait affiché un si grand sourire à Pékin. Son homologue Wang Yi l’a rassuré : le Pakistan pourra compter sur l’« amitié à toute épreuve » de la Chine pour la défense de sa « souveraineté et de son intégrité territoriale ».
Comprenez : au prochain affrontement avec l’Inde dans le Cachemire, Pékin se tiendra à nouveau aux côtés de son allié, qui en dépend grandement. Aujourd’hui, 63% des armes pakistanaises sont fournies par la Chine, et Islamabad affirme que ce sont des avions de chasse chinois, les J-10 C Vigorous Dragon, qui ont abattu plusieurs avions indiens (dont trois Rafale de fabrication française, ce qui reste à être confirmé).
Un premier « test grandeur nature » pour le matériel chinois
Si l’armée pakistanaise a pu résister à l’Inde, c’est donc grâce aux avions, aux drones et aux missiles chinois. Un « test grandeur nature » pour le matériel chinois : C’est la première fois depuis 40 ans que la Chine a pu évaluer ses armes en combat réel, ce qui n’est pas passé inaperçu.
Depuis ce succès, les actions en bourse du fabricant du J-10 C sont montées en flèche. L’avion, que la presse chinoise surnomme « le chasseur de la fierté nationale », a déclenché une vague d’enthousiasme sur les réseaux sociaux chinois. C’est « la performance la plus convaincante de l’armement chinois sur la scène internationale », s'est réjoui le très nationaliste Hu Xijin, l’ex-éditorialiste du Global Times et proche du parti communiste. Maintenant, écrit-il, les États-Unis réfléchiront à deux fois avant de défendre Taïwan en cas de guerre avec la Chine.
Cela provoque bien sûr l’inquiétude à Taïwan. Dans les rangs militaires, on se pose cette question : est-ce que l’aviation taïwanaise pourra se défendre contre le rouleau compresseur chinois ? « Nos avions n’aurons que peu de chances de survivre », craint un général à la retraite cité par le New York Times. Une chose est sûre : l’image de la Chine comme pays producteur d’armes sophistiquées en sort renforcée. Déjà aujourd’hui, le pays est le quatrième plus grand exportateur d’armes dans le monde.
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La Chine fait aussi jouer sa « diplomatie de l’eau »
Mais la Chine ne mise pas seulement sur ses armes dans le conflit-indo-pakistanaise. Elle fait aussi jouer sa « diplomatie de l’eau » en faveur d’Islamabad, qui compte bien sur Pékin pour son approvisionnement.
Face à l’ennemi historique l’Inde, l’eau est le point faible d’Islamabad. On l’a vu lors de leur confrontation militaire la plus grave des deux dernières décennies ce mois-ci : New Delhi avait annoncé la suspension du traité de partage des eaux de l'Indus signé en 1960 avec le Pakistan, et le Premier ministre Narendra Modi avait menacé son voisin de « couper l'eau » des fleuves qui traversent l’Inde avant d'irriguer le Pakistan et notamment sa province du Penjab – or, l’agriculture pakistanaise en dépend à près de 80%.
Là encore, la Chine offre un début de solution au Pakistan : Pékin a promis d’accélérer les travaux pour finir la construction du grand barrage « Mohmand Hydropower project » avec sa centrale hydraulique d’une puissance de 800 mégawatts, dans la province Khyber Pakhtunkhwa dans le nord-ouest du pays. C’est un projet vital pour le Pakistan, qui doit lui garantir plus d’autonomie et rendre toute menace indienne sur son approvisionnement en eau caduc.
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