La mer de Chine méridionale au cœur d'un sommet trilatéral à Washington
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Un évènement géopolitique majeur s’ouvre ce jeudi 11 avril à Washington : le sommet trilatéral Etats Unis-Japon et Philippines. Ce rendez-vous a pour ambition de rebattre les cartes en Indo-Pacifique, face aux ambitions chinoises dans un espace contesté et hautement stratégique, la mer de Chine méridionale.
C’est la première fois que les Philippines participent à un sommet trilatéral avec les États-Unis et le Japon. Pour comprendre, l’archipel qui entretenait sous le président Rodrigo Duterte des relations compliquées avec les Américains, a opéré, avec l'arrivée au pouvoir du président Marcos Jr, un virage à 180 degrés en consolidant des alliances militaires avec Washington.
Manille a rouvert quatre bases supplémentaires pour les troupes américaines et participé à plusieurs exercices maritimes conjoints pour dissuader les ambitions territoriales chinoises et à fortiori après une série d’accrochages entre navires philippins et chinois au large des îlots contestés des Spratleys.
Ferdinand Marcos Jr espère que ce sommet ouvrira la voie à des manœuvres conjointes trilatérales dans les zones maritimes revendiquées par Pékin et Manille. Ce qui est déjà réalisé, puisque des exercices navals et aériens ont eu lieu dimanche 7 avril dans la zone économique exclusive des Philippines, auxquels s'est associé l’Australie.
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Et dès le week-end dernier, la Chine a montré ses muscles en lançant des patrouilles de « combat en mer ». La diplomatie chinoise a d'ailleurs averti que les États-Unis ne faisant pas partie de la mer de Chine du Sud n'avait aucun droit de s'immiscer dans les différends territoriaux.
En dehors du soutien inébranlable de Washington aux Philippines, il sera également question de la liberté de naviguer dans cet espace disputé, un thème central déjà évoqué par Joe Biden lors d'un précédent sommet trilatéral l'an dernier avec le Japon et la Corée du Sud.
Côté japonais, la mer de Chine méridionale constitue un espace vital pour son approvisionnement, d'où ses attentes énormes de ce sommet. Tokyo est devenu sous l'impulsion de Washington un acteur militaire majeur et un point d'ancrage de diverses alliances et partenariats régionaux des États-Unis.
Le pays accueille déjà le plus grand contingent militaire américain au monde. Il s’est engagé sous la direction de Fumio Kishida à doubler ses dépenses militaires d'ici 5 ans.
Le sommet sera aussi l’occasion d’annoncer un renforcement de la coordination militaire américano-nipponne, un commandement commun qui serait capable d'agir en cas de crise. On s'attend également à l'annonce de mesures visant à augmenter la co-production de munitions, d’armements et d'équipements militaires.
Enfin, pour mesurer l'importance du Japon aux yeux des États-Unis, Washington envisage d'impliquer le Japon dans le pacte de défense tripartite AUKUS, entre l'Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Une condition toutefois, le Japon devra développer de meilleures cyberdéfenses et introduire des règles plus strictes en matière de protection des données sensibles.
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