L’or a dépassé cet été la barre des 2 000 dollars l’once sur les marchés internationaux, et la tendance à la hausse devrait se poursuivre pour le plus grand bonheur des pays d’Afrique de l’Ouest devenus des producteurs majeurs. En période de crise, les recettes de l’exploitation aurifère sont devenues indispensables aux États.

Ghana, Mali, Burkina Faso et Côte d’Ivoire, voilà le quatuor doré de l’Afrique de l’Ouest. Ils pèsent à eux quatre plus de 320 tonnes d’or chaque année, un chiffre qui devrait continuer à croître tant les réserves sont importantes. Un pays comme le Mali les estime à 7 000 tonnes. Alors que l’Afrique du Sud voit ses mines s’épuiser, celles d’Afrique de l’Ouest sont en pleine croissance, selon le spécialiste du secteur, le français Didier Julienne, qui explique :
« Ce sont des mines d’or relativement récentes par rapport à d’autres pays qui ont exploité de l’or de manière industrielle depuis des dizaines d’années, voire quelques siècles, et par conséquent, on n’a pas du tout épuisé ces mines. Elles sont rentables. Leur juridiction est relativement bien cotée par rapport à d’autres pays moins stables. Elles ont donc toutes les qualités pour être des mines performantes dans les années à venir. »
L’or est devenu au Mali et au Burkina Faso le premier produit d’exportation. Et les recettes fiscales engendrées sont conséquentes, comme l’explique Toussaint Bamouni, directeur exécutif de la Chambre des mines du Burkina Faso : « Cette production représente à peu près 256 milliards de francs CFA (390 millions d'euros) de contribution directe au budget de l’État, soit à peu près 20% du budget. Et la contribution au PIB est de l’ordre de 13,1% en 2019. Depuis 2009, l’or est le premier produit d’exportation du Burkina Faso, et représente à peu près 70% des recettes d’exportations. »
Redistribution des recettes
Le Burkina Faso compte quinze mines d’or en exploitation pour une production d’environ 50 tonnes, et le Mali dix mines pour une production à peu près équivalente. Dans chacun des deux pays, les industriels ont créé plus de 10 000 emplois directs. Régulièrement, dans les zones aurifères, les populations se plaignent de ne pas voir les retombées de cette exploitation. Le Burkina Faso a mis en place un mécanisme de redistribution des recettes aurifères.
« Le code minier de 2015 à institué un certain nombre de fonds miniers, notamment le fond minier de développement local, déclare Toussaint Bamouni. Il a permis de contribuer à hauteur de 30 milliards de francs CFA au développement local en 2019. Et pour le premier semestre de cette année, ce fond à déjà contribué à hauteur de 21 milliards de francs CFA aux budgets des communes et des régions. Donc depuis que ce fond est opérationnel, 51 milliards de francs CFA ont été répartis dans les communes et les régions du Burkina. »
Si les industriels assurent l’essentiel de la production d’or en Afrique de l’Ouest, le métal jaune fait aussi vivre des millions d’orpailleurs artisanaux. Nous verrons demain que les États ouest-africains tentent d’organiser et d’encadrer leurs activités.
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