L’Argentine approuve le premier blé OGM
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L’Argentine vient d’autoriser le premier blé OGM. La production commerciale de ce blé résistant à la sécheresse et à un herbicide, est cependant conditionnée à l’accord du Brésil pour l’importer.

L’Argentine va-t-elle, la première, se mettre à produire et à exporter du blé OGM ? Les autorités de Buenos Aires viennent en tout cas d’autoriser la commercialisation du blé baptisé HB4. Un blé transgénique, dans lequel on a transféré le gène HB4 issu du tournesol. La nouvelle variété est le fruit des recherches de l’entreprise argentine Bioceres et du semencier français Florimond Desprez, regroupés dans la co-entreprise Trigall Genetics. Testée depuis dix ans en parcelle en Argentine, elle a des rendements 20% plus élevés en cas de sécheresse, des épisodes climatiques qui se multiplient en Argentine, on le voit encore cette année. Le blé HB4 est aussi résistant au glufosinate d’ammonium, un herbicide encore autorisé en Argentine.
Le Brésil évalue la variété
Mais il manque encore des débouchés à ce blé transgénique. C’est pour cela que le droit de cultiver du blé OGM à des fins commerciales en Argentine est suspendu au feu vert… du Brésil pour en importer. Contrairement au maïs ou au soja, surtout destinés à l’alimentation animale, le blé est avant tout destiné à l’alimentation humaine et aucun pays n’a encore autorisé la consommation ou l’importation de blé OGM. Mais le Brésil est selon Bioceres en train d’évaluer la variété. Cela met au passage en lumière la dépendance du Brésil vis-à-vis des importations de blé. « Ce géant agricole est un nain pour le blé qu’il ne produit presque pas », souligne le chercheur Sébastien Abis, directeur de publication de l’annuaire Demeter. Le Brésil importe effectivement plus de 7 millions de tonnes par an, autant sinon plus que l’Algérie. L’assurance de ce débouché pour l’Argentine serait déterminante. L’Argentine fournit 85% du blé brésilien, et le Brésil pèse pour 45% des exportations argentines.
Les céréaliers argentins très réticents
Mais les enjeux vont au-delà du Brésil : l’Argentine fournit le Maghreb, l’Afrique du Sud, l’Asie du Sud-Est. La plupart de ces pays ont posé un véto sur le blé argentin si une partie des surfaces devait être cultivée en OGM, souligne Olivier Antoine, spécialiste des systèmes agricoles sud-américains. C’est pourquoi, même si les céréaliers argentins savent que l’on peut tracer différemment les deux productions, eux-mêmes freinent des quatre fers devant le blé OGM.
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