Les personnes malentendantes font partie des couches vulnérables au Congo-Brazzaville. La fondation Challenge futura a décidé de les former à la myciculture. Elles apprennent à cultiver les champignons pour devenir des entrepreneurs et assurer leur autonomisation.
À la cité scientifique de Brazzaville, au cœur d’une forêt naturelle, derrière une champignonnière encore en montage, un malentendant tourne et retourne du copeau de bois à l’aide d’une pelle. Le copeau, c’est cette matière qu’il utilise avec ses collègues. Ils le mélangent avec du son de blé, de la farine, du maïs et du mycélium pour produire des champignons.
La production est un processus dont la pasteurisation est la dernière étape. Elle est expliquée ici par Dieu Merci Doubou, le formateur des malentendants : « Il s’agit de la pasteurisation qui consiste à neutraliser les micro-organismes compétiteurs au mycélium, pour éviter des compétiteurs quand nous allons faire le lardage. C’est à ce niveau qu’il faut réduire sensiblement ces organismes pathogènes ou micro-organismes qui sont présents, pour qu’ils ne gênent pas la croissance du mycélium. »
C’est pendant la formation que Dieu Merci Doubou a découvert la capacité d’adaptation des malentendants : « Ils ont des potentialités énormes que certaines personnes valides ne disposent pas. Nous avons pensé à les former parce que ce sont des gens qu’on peut valoriser. »
À la ferme pilote, des pleurotes poussent déjà. Ils sont arrosés, récoltés et vendus. La quantité est encore moins importante certes, mais l’objectif visé par la fondation Challenge futura est de donner à ces filles et garçons vulnérables des outils pour en faire de grands entrepreneurs. « Il y aura beaucoup d’accompagnement en termes de développement personnel, indique l’ingénieur Tsengué-Tsengué, premier responsable de la fondation. Il y aura de la formation en gestion. Il y aura de l’accompagnement en terme commercial également ; puis des relations avec les autorités publiques. Nous souhaitons qu’ils réussissent. »
Nathan Kianguébéné fait partie des personnes formées. Il souhaite que d’autres partenaires s’associent à la fondation Challenge futura pour impulser une formation à grande échelle : « Pour faire un bon travail, il nous faut du matériel. Vous savez vous-mêmes que nous les personnes vivant avec handicap, nous faisons partie des personnes vulnérables. Ça veut dire que nous avons beaucoup de besoin. »
Les malentendants sont devenus producteurs de champignons au bout de deux semaines de formation. Mais, l’initiation à l’entrepreneuriat va nécessiter plus de temps et d’importants investissements, selon les formateurs.
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