Questions d'environnement

«No Mow May»: pourquoi il ne faut pas tondre sa pelouse au mois de mai

Publié le :

L’initiative est née au Royaume-Uni. Le mot d’ordre « No Mow May » que l’on peut traduire littéralement par « pas de tonte en mai » présente deux avantages : s'éviter une corvée et faire du bien à la nature.  

Il est conseillé de ne pas tondre sa pelouse en mai pour préserver la biodiversité (photo d'illustration).
Il est conseillé de ne pas tondre sa pelouse en mai pour préserver la biodiversité (photo d'illustration). © CC0Pixabay/Photo Mix
Publicité

Laisser la tondeuse au garage pour préserver ou même favoriser la biodiversité, voilà l’objectif. Si l’on coupe la pelouse à ras toutes les semaines, les fleurs n'ont pas le temps de se développer. Or, elles constituent des ressources alimentaires pour les abeilles ou les papillons. Et tous n’ont pas les mêmes goûts. « Il y a des pollinisateurs généralistes qui ne sont pas très sélectifs vis-à-vis de la plante qu’ils butinent, explique Alexandre Barraud, chercheur pour l'ONG Pollinis. Mais d'autres pollinisateurs vont être "spécialistes". Ils vont se diriger seulement vers certains types de fleurs. Plus on a une diversité de fleurs, plus on aura une diversité de pollinisateurs. C'est un cercle vertueux puisque les pollinisateurs servent aux plantes à fleurs à se reproduire. »

Recherche fleurs à butiner

Laisser de la variété dans leur garde-manger est d’autant plus important que l’on assiste à un déclin du nombre d'insectes terrestres. Il diminuerait de 9% par décennie, selon une étude publiée dans Science. Le déclin est encore bien plus marqué, jusqu'à 75% en 30 ans, dans certaines régions.

Et les raisons sont assez variées. « On a les pesticides, énumère Alexandre Barraud. Mais on a aussi cet accès aux ressources et aux habitats. C'est important de laisser ces pelouses respirer un peu, surtout dans certains milieux où la diversité en fleurs, n’est pas toujours facile à trouver. »

Moins de chaleur et moins d’érosion

Une pause dans la tonte n’aurait pas d'impact que sur les pollinisateurs. Une herbe plus haute aura tendance à réduire la température au sol. Moins de tonte, cela permettra aussi d'épargner insectes ou autres petites bêtes qui crapahutent dans l'herbe. L'influence peut même se faire ressentir sous le gazon. « Les herbes hautes vont avoir un système racinaire différent, précise Alexandre Barraud. Cela va permettre aussi une évaporation de l'eau moins importante des sols et limiter l'érosion. Cela joue sur la structure du sol. Et donc nécessairement, on va jouer sur sa biodiversité. » 

Par ailleurs, insectes, araignées et autres limaces sauvées des lames de la tondeuse pourront alimenter d'autres animaux comme les oiseaux.

En mai et plus si affinité

C’est également dans la perspective de laisser la nature se reposer ou avoir des refuges que l'Union européenne a instauré une surface minimum de jachères ou de terres non cultivées, même si leur effet peut différer en fonction des pratiques. Quoi qu'il en soit, Bruxelles a revu son ambition à la baisse après les manifestations agricoles de cet hiver.

Si l’organisation Plantlife qui promeut le slogan « No Mow May » a choisi le mois de mai, c’est parce que le printemps est propice aux pollinisateurs. Il y a beaucoup de fleurs à cette période et cela correspond à la naissance de certains insectes comme l'abeille printanière.

Mais tous les insectes ne naissent pas au même moment. Une réduction de la tonte plus longtemps et notamment en juillet donnerait un coup de pouce aux abeilles estivales, par exemple. Une autre option pour les adeptes du gazon bien coupé : laisser un petit ilot sauvage dans le jardin. Attention néanmoins, dans certaines zones, il est conseillé, voire obligatoire de débroussailler pour limiter les risques d'incendies. Le faire en hiver limitera l'impact sur la biodiversité.

À lire aussiL'abeille africaine : le trésor méconnu du continent

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes