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Où en est la Birmanie trois ans après le coup d'État?

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Une Prix Nobel en prison, un pays en ruines, une junte aux abois et la résistance armée qui gagne encore et toujours du terrain... Trois ans jour pour jour après le coup d'État du 1er février 2021, la Birmanie est en feu.

Le général Min Aung Hlaing, chef de la junte birmane, lors d'une parade armée à Naypyitaw, le 27 mars 2021.
Le général Min Aung Hlaing, chef de la junte birmane, lors d'une parade armée à Naypyitaw, le 27 mars 2021. © AP
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L'opposition réaffirme son ambition dans un texte publié hier mercredi : abattre le régime militaire birman et tendre vers une nouvelle union démocratique et fédérale. C'est comme ça que le NUG, le mouvement d'opposition en exil, décrit son objectif politique. Les opposants veulent une Birmanie égalitaire.

Et pour ça, ils fixent pour la première fois un cap précis qui tient en six points : que les forces armées ne fassent plus de politique, que ces militaires soient placés sous le contrôle d’un gouvernement civil élu de manière démocratique avec une nouvelle Constitution et la mise en place d’un État fédéral.

Dernière chose : le texte prévoit ce qu’on appelle un mécanisme de justice transitionnelle. Autrement dit, le NUG veut à terme soigner les plaies de la société birmane, désigner des responsables et réparer ce qui peut l’être pour remettre le pays sur le bon chemin et retrouver un avenir.

Maintenir le pouvoir

Sauf qu’à ce jour, il n’est pas question que la junte lâche le pouvoir. Le NUG le sait bien. Mais c’est un texte qui a valeur de prophétie et d’encouragement. Parce que les trois ans du coup d’État coïncident avec une avancée continue des groupes rebelles dans plusieurs régions. À l’est, dans l’État Shan, près de la frontière chinoise, ils ont repris le contrôle d’une large zone perdue il y a 15 ans, et mis en déroute plusieurs milliers de soldats qui ont rendu les armes.

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À l’ouest, dans l’Arakan, ils ont saisi la ville stratégique de Paletwa, les routes aux alentours, les cours d’eau. Ils ont la main sur tout ce qui peut transiter dans cette province par la route ou par bateau en direction de l’Inde et du Bangladesh qui ne sont qu’à quelques kilomètres. En résumé, une partie des groupes rebelles birmans se sont unis. Et depuis le mois d’octobre, ils ne se contentent plus de harceler la junte, ils sont passés à l’offensive et les résultats sont impressionnants. 

Démotivation

Est-ce que ces groupes armés et sont en mesure de faire plier le régime birman ? Militairement, ça n’est jamais arrivé dans l’histoire de la Birmanie contemporaine. Les soldats birmans sont démotivés, sous-équipés, mal encadrés, mais il n’y pas eu de défection majeure à ce jour au sein de l’appareil de commandement. Et ils ont encore la supériorité aérienne : des hélicoptères et avions de chasse qui leur permettent de tenir. Si jamais les généraux capitulent - à ce stade c’est encore une fiction – il y aura une autre bataille à mener, la création d’une identité nationale dans un pays multi-ethnique où le pouvoir ne sera pas facile à partager.

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