Quand les jeux vidéo représentent (mal) la diversité des corps
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Est-ce que vous avez remarqué qu’il existe très peu de personnages de jeux vidéo gros ? Jennifer Lufau aborde cette thématique suite à l'annonce du personnage d'Héphaistos dans Hades II.

Le jeu Hadès II, qui sortira peut-être cette année, a révélé le design d’un de ses personnages qui est racisé, en fauteuil roulant… et gros ! Le jeu est déjà connu pour proposer une belle diversité dans ses personnages qui, pour la plupart, sont des dieux de la mythologie grecque. Et ils échappent tous à l’image qu’on se fait des dieux grecs, donc plutôt des hommes et femmes à la peau claire.
En visionnant les réactions de certains joueurs en ligne, j’ai compris que l’introduction d'Héphaïstos, le personnage en question, réjouissait une partie des joueurs, car enfin, Hadès proposait une meilleure diversité des corps, et plus spécifiquement, une représentation positive des corps gros.
Des personnages gros secondaires, stéréotypés ou moqués
Quand on y pense, très peu de personnages gros sont marquants. Je me rappelle Gragas dans League of Legends qui était un peu bourru et qui lâchait des rots dans le plus grand des calmes. Il utilisait d’ailleurs son corps et son ventre pour attaquer dans le jeu, ainsi que son baril d’alcool.
J’ai aussi joué le personnage de Bob dans Tekken 6. Il existait d’ailleurs en version « slim », donc mince, et en version « fat », donc gros, comme si Bandai Namco ne pouvait pas assumer d’avoir un seul Bob gros. Et comme si ça ne suffisait pas, ses attaques portaient des noms de nourriture... comme par hasard.
Un dernier exemple : Darlene Fleischermacher, un boss à combattre dans Dead Rising 3. Elle est représentée comme une femme grosse qui se déplace tout en mangeant sur son scooter (donc paresseuse) et est décrite avec des comportements exagérés comme les rots et les flatulences. Même quand elle meurt, on la dépeint de manière grotesque, ce qui n’aide pas à effacer les stéréotypes négatifs sur les personnes grosses.
Je le redis : les personnages gros dans les jeux, il n’y en a pas beaucoup ! Et quand ils existent, ils sont souvent non jouables, stéréotypés et on en profite pour se moquer d’eux ! Dans Hadès 1, le manque de diversité des corps avait été remonté et Supergiant, le développeur a corrigé le tir pour leur second opus.
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Une représentation traitée uniquement dans la personnalisation des avatars
Des efforts sont faits depuis quelques années dans des jeux comme Les Sims 4 qui propose de plus en plus d’options en termes de corps de manière hyper personnalisée. Dans The Wagadu Chronicles, un jeu basé dans un univers afro-fantaisie, vous pouvez choisir un physique gros pour démarrer le jeu. Dans Overwatch, on peut par exemple jouer avec le Dr. Mei-Ling Zhou, mais elle fait débat, car selon certains, elle ne serait pas assez grosse pour véritablement représenter cette partie de la population. Encore une fois, c’est l’ambiguïté et la difficulté à assumer des personnages et des corps vraiment divers qui se font remarquer.
Si les jeux indépendants proposent – comme Hadès II – une meilleure diversité des corps, je ne connais aucun jeu qui propose de jouer un héros ou une héroïne grosse assumée et iconique. Et c’est bien dommage, car l’expérience des personnes concernées méritent aussi d’être racontée. Et sinon, on est dans le monde virtuel, donc si on peut créer des monstres, des robots et des aliens, on ne devrait pas trop galérer pour faire des héros gros stylés, non ?
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