Changer de métier pour s’aligner avec l’urgence climatique
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Angoisse, peur, sentiment d’impuissance, colère, culpabilité… De plus en plus de jeunes dans le monde sont profondément inquiets en raison de l’urgence climatique. Face à cette « crise de santé publique émergente » selon les experts, une des réponses est de sortir de l’isolement et de choisir sa façon de passer à l’action. Cette semaine, RFI vous emmène au contact de jeunes et moins jeunes, qui, en France, ont transformé leur éco-anxiété en action. Dans ce deuxième épisode, nous allons à la rencontre de deux professionnels qui ont changé de métier pour s'aligner avec leur sentiment d'urgence climatique.

Sur le toit d'une école primaire de l'est de la France, Viktor Veeser, 33 ans, fait les derniers réglages. Une centaine de panneaux solaires vont bientôt alimenter l'établissement en électricité. « Je suis en train de faire le connecteur qui va permettre de relier cette installation à internet, pour qu'on puisse suivre le fonctionnement de l'installation à distance », explique-t-il.
Pendant plusieurs années, l'ingénieur a organisé des formations pour aider des entreprises, notamment en Afrique, à développer des installations solaires : « 1/5e du temps, je faisais quelque chose qui me passionnait. J'étais formateur pour des gens très motivés qui voulaient apprendre et mettre en place les énergies renouvelables. Mais 4/5e du temps, je m'occupais de tâches administratives pas très plaisantes... La frustration, l'ennui et le sentiment de pas se sentir aussi utile qu'on pourrait l'être m'ont poussé au changement. Je voulais mettre la main à la pâte, comme on dit ! »
Reprendre une formation
Alors, en 2018, Viktor démissionne. Ses proches y voient un burn-out. Pour lui, il s'agit de s'aligner vraiment avec son sentiment d'urgence écologique. Il reprend une formation d'électricien en France pour pouvoir installer lui-même des panneaux solaires. « Maintenant, ça fait quatre ans que je suis responsable des mises en service dans une boîte et j'en ai fait plus d'une centaine, se réjouit-il. Ça veut dire environ la puissance nécessaire pour combler les besoins de plus de 1 000 familles, donc c'est un sentiment de d'accomplissement. »
À l'autre bout de la France, près de Toulouse, Axelle Louise a, elle, quitté son poste d'ingénieure en aéronautique à l’approche de ses 40 ans : « Dans l'aéronautique on est là pour faire de plus en plus d'avions, pour en mettre de plus en plus en service. Arrivé à un moment, je trouvais ça en contradiction avec ce que je voyais de notre monde. C'est quand j'ai réalisé que je contribuais à aider ce monde à continuer d'accélérer que je me suis dit : ''Il y a peut-être autre chose à faire''. »
« Se mettre en action »
La naissance de ses filles a aussi changé la donne : « Le monde chaotique qui peut arriver, on est en train de le construire et on va le laisser à nos enfants. J'ai envie de pouvoir me regarder dans une glace, ou qu'elles puissent me regarder et qu'on puisse échanger en se disant : ''J’ai fait ce que je pouvais''. Quand on parle des échéances, des objectifs climatiques de 2050, mes filles seront en plein dans leur vie active à ce moment-là. Ça fait du bien de regarder ça en face et de se mettre en action ! »
Depuis, Axelle a cofondé une entreprise de conseil en bifurcation pour accompagner celles et ceux qui, comme elle, veulent œuvrer en faveur de la transition écologique.
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