Questions d'environnement

«De l'éco-anxiété à l’action», les scientifiques entrent en rébellion

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Angoisse, peur, sentiment d’impuissance, colère, culpabilité… De plus en plus de jeunes dans le monde sont profondément inquiets en raison de l’urgence climatique. Face à cette « crise de santé publique émergente » selon les experts, une des réponses est de sortir de l’isolement et de choisir sa façon de passer à l’action. Cette semaine, RFI vous emmène au contact de ceux qui, en France, ont transformé leur éco-anxiété en action : ce jeudi 28 décembre, l'exemple des scientifiques qui documentent l'effondrement de la biodiversité et la crise climatique.

Une manifestation à Paris contre la dissolution du mouvement « Les Soulèvements de la Terre », le 23 juin 2023.
Une manifestation à Paris contre la dissolution du mouvement « Les Soulèvements de la Terre », le 23 juin 2023. © Thomas SAMSON / AFP
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Ce matin de juin 2023, ils sont plusieurs dizaines à s'être donnés rendez-vous devant le Conseil d'État à Paris pour manifester leur soutien aux Soulèvements de la Terre, un collectif écologique qui était alors menacé de dissolution par le gouvernement français. Jérôme Santolini, directeur de recherche au Commissariat à l'énergie atomique, est venu ajouter sa voix, celle d'un scientifique, à celle des militants :

« À partir du moment où vous avez des connaissances, des savoirs, vous ne pouvez plus faire comme si cela n'existait pas. Et c'est une injonction à agir. Quand vous savez que les pesticides tuent des agriculteurs, mettent en danger la vie des enfants, que le plastique est responsable de quantités phénoménales de troubles de la reproduction, de baisse de la fertilité, etc. Vous ne pouvez plus faire comme si vous ne saviez pas. Vous devez agir. »

Produire des connaissances ne lui suffisait plus. Ne se sentant pas suffisamment écouté, en particulier par les pouvoirs publics, il s'est donc engagé au sein du groupe Scientifiques en rébellion, un collectif qui organise des actions coup de poing. Une manière de lutter contre son éco-anxiété :

« Les scientifiques sont en première ligne parce que les scientifiques documentent l'état du monde, mais surtout l'état malade du monde. C'est comme si vous aviez un tsunami qui vous arrivait dessus, vous êtes le seul à le voir et personne ne réagit. Et personne ne vous écoute. Ça, c'est l'éco-anxiété. »

D'autres se mobilisent différemment, comme Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et ancienne membre du GIEC :

« La mesure de la gravité de la situation, je l'ai prise dans les années 1990, quand j'ai commencé en étant jeune scientifique-doctorante dans un laboratoire de recherche à prendre la mesure des enjeux. Je comprends la sensation de vertige lorsqu'on s'approprie l'ampleur des risques et l'ampleur des transformations à mener. Donc, à titre personnel, moi, je suis dans l'action, l'action de produire des connaissances, de les évaluer, de les communiquer, de renforcer la "litteracy climatique" des autres et être consciente de ce que moi, je peux faire et de ce qui relève des autres, ne pas me mettre la charge mentale insoutenable d'engager la transformation des autres. »

Communicante hors pair des réseaux sociaux aux salles de conférences et aux bureaux ministériels, elle est devenue une des scientifiques les plus en vue dans le pays. Vulgariser et toucher le plus grand nombre est devenue sa forme d'activisme à elle.

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